- “평양과 워싱턴을 협상의 장으로…북핵보다 한반도 평화가 우선”
프랑스 유력 일간지 <르몽드>가 급변하는 한반도 상황을 연일 비중 있게 다루고 있다. 신문은 논설위원의 시평으로 남북관계에 있어 문재인 대통령의 역할에 다시 한 번 주목했다.
논설위원 알랭 프라숑은 15일자 인터넷판에 ’한국의 문재인 대통령이 이번 올림픽에 크게 배팅했다‘는 제목의 시평을 실었다. 기사는 16일자 22면 사설의 바로 옆에 배치됐다.
신문은 이번 동계올림픽에서 가장 위험한 인물로 문재인 대통령을 꼽으면서 “지구상에서 가장 폭발력이 큰 장소 중 하나인 한반도의 양국 사이에 형성되는 데탕트의 발단이라는 도약을 이룬 것”이라며 문 대통령이 “올림픽에 크게 배팅했다”고 표현했다.
신문은 문 대통령 집권 이후 남북관계 개선을 공언했고, 올림픽으로 이어지는 동안 화해 무드가 조성됐다는 점을 들면서 “성공적이라 할 수 있지만 그래서 만사가 순조로운“ 건지 묻고 있다.
트럼프는 북한에 대한 경고성 타격까지 언급하는 등 미국의 대북 정책은 강경하고 한국 내 여론 역시 문 대통령에게 호의적이지만은 않다. 그럼에도 불구하고 문 대통령은 “한반도의 핵문제를 다루기 전에 남북 간 화해의 길을 모색”하고 있다고 설명했다.
신문은 도쿄 특파원인 필립 퐁스의 글을 인용해 미국의 대북 협상 태도에 의문을 제기했다. 북한 체제가 무너져야 한다는 전제를 깔고 있는 한 협상에 진지하게 임할 이유가 없다는 것이다.
그러면서 항일투쟁에서 시작된 북한 독재정권의 특수성을 이해해야 한다고 덧붙였다. 이어 신문은 트럼프 행정부가 북한과의 협상에서 더 이상 전제 조건을 달지 못할 것이라며 문 대통령이 걸었던 배팅은 이기는 중일 수 있다고 분석했다. 다만 북한과의 대화에서 잊어선 안 되는 덕목으로 “신중함”을 꼽았다.
다음은 뉴스프로가 번역한 르몽드 기사 전문이다. « Le président sud-coréen Moon Jae-in a parié gros sur ces JO » Moon Jae-in s’est peut-être fait à l’idée de la Corée du Nord nucléaire, et il veut amener Pyongyang et Washington à négocier, explique, dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde ». LE MONDE | 15.02.2018 Chronique. Aux Jeux olympiques d’hiver de Pyeongcheang, en Corée du Sud, l’homme qui prend le plus de risques s’appelle Moon Jae-in. Ce n’est ni un descendeur fou ni une vedette du slalom géant, encore moins un artiste du snowboard. Moon Jae-in est le président sud-coréen. Il a parié gros sur ces JO : en faire le tremplin d’un début de détente entre les deux parties de la péninsule coréenne, un des endroits les plus explosifs de la planète. 시평. 한국에서 열리는 평창 동계올림픽에서 가장 위험한 인물이 있으니 그의 이름은 문재인이다. 그는 내리막을 미치도록 활강하는 스키 선수도, 대회전 경기에 나선 유명 스타도, 현란한 기술의 스노보드 선수도 아니다. 문재인은 한국의 대통령이다. 그가 이번 올림픽에 크게 배팅했다. 지구상에서 가장 폭발력이 큰 장소 중 하나인 한반도의 양국 사이에 형성되는 데탕트의 발단이라는 도약을 이룬 것이다. Dès son arrivée au pouvoir, en mai 2017, le président a lancé des appels à la reprise d’un dialogue avec le Nord – la République populaire et démocratique de Corée (RPDC). Premier succès : le fantasque, mais rationnel, dictateur nord-coréen, Kim Jong-un, a répondu positivement. La Corée du Nord a envoyé une équipe aux JO, qui, sous la bannière bleu et blanc de la réunification, a défilé avec celle de Corée du Sud (comme en 2000, 2004 et 2006). Kim Jong-un a aussi dépêché sa sœur aux Jeux, Kim Yo-jong, 30 ans. Poids lourd du régime de la RPDC, la jeune femme a été reçue à la présidence sud-coréenne, le 10 février à Séoul. Elle a transmis à Moon Jae-in une invitation à se rendre en visite officielle en Corée du Nord. A son tour, le président sud-coréen devrait dire oui et aller à Pyongyang, à une date non encore fixée, pour une rencontre au sommet avec Kim Jong-un. Tout va mieux ? Il y a quelques semaines, Donald Trump, « twitterman », et celui qu’il appelle « rocketman », le président Kim, échangeaient des menaces guerrières et des considérations de cour de récréation sur la taille de leur « bouton nucléaire » respectif. Fin octobre 2017, la Maison Blanche rappelait sa position : les Etats-Unis ne toléreront pas que Pyongyang dispose de l’arme nucléaire ; ils n’entendent pas « dissuader et contenir » une Corée du Nord nucléaire ; ils veulent qu’elle démantèle son programme « avant qu’il ne soit trop tard » ; « le temps est compté », dit-on au Conseil national de sécurité. Richard Haass, le respecté et pondéré président du Council on Foreign Relations, le Vatican des centres de réflexion stratégiques américains, avait alors commenté : « Nous sommes plus près d’entrer en guerre qu’on ne l’imagine. » Condition préalable Le président Moon prend des risques. L’opinion sud-coréenne n’est pas enthousiaste. Les précédentes périodes de détente avec le Nord n’ont jamais longtemps altéré l’agressivité du régime de Pyongyang. Séoul offre à Kim Jong-un un moment de répit diplomatique avant la moindre concession de sa part. Celui-ci gagne du temps. Il veut améliorer son image au moment où les Etats-Unis s’apprêtent à bétonner encore l’embargo à l’encontre de la RPDC. Quel que soit l’état d’avancement de son programme, l’objectif de Pyongyang est de faire reconnaître l’accession du pays au statut de puissance nucléaire – illégale – au même titre que l’Inde, Israël et le Pakistan. Kim y voit la garantie de la survie de son régime, et le point de départ de toute négociation. La politique de Trump est d’exercer une « pression maximum » pour forcer Pyongyang à « dénucléariser ». Washington met une condition préalable à toute négociation : le Nord doit accomplir un geste dans le sens de la dénucléarisation (arrêt des essais de missiles par exemple). Trump flirte avec l’idée d’une frappe d’avertissement sur la RPDC. Moon a une tout autre perspective. Il croit qu’une telle frappe déclenchera automatiquement une réplique de Kim. Réalité de terrain déplaisante : 8 000 pièces d’artillerie, capables de tirer 300 000 obus en une heure, sont braquées sur les 10 millions d’habitants de Séoul. Avant de traiter la question nucléaire sur la péninsule, Moon cherche l’apaisement inter-coréen. Il s’est peut-être fait à l’idée de la Corée du Nord nucléaire et il veut amener Pyongyang et Washington à négocier. Notre collaborateur Philippe Pons décrit très bien une des failles de l’attitude américaine lors des négociations déjà conduites avec la Corée du Nord. Dans deux articles de revue – Le Débat, numéro 198, janvier-février, et Critique, janvier-février également –, il pointe ce présupposé implicite des Etats-Unis : la dynastie des Kim va, doit, rapidement, s’effondrer. A quoi bon investir sérieusement dans la négociation ? « Nationalisme farouche » Familier de la région, Pons relève, au contraire, la résilience de cette impitoyable dictature communiste. Elle est cruelle, certes. Mais elle a survécu à une défaite militaire dans sa tentative de réunification de la péninsule par la force – la guerre de 1950-1953 ; aux divergences idéologiques avec le protecteur chinois quand, à partir de 1976, celui-ci « s’égare » dans la libéralisation de son économie ; à la fin de la guerre froide en 1989 ; à une famine terrible, largement autoproduite, dans les années 1990, enfin à une ribambelle de sanctions. Pourquoi ? Il en va d’un élément-clé de l’ADN d’une dictature née dans la résistance à la colonisation japonaise et qui, avant d’être attachée au marxisme-léninisme, se veut l’incarnation la plus légitime du nationalisme coréen, explique Pons. Il parle d’un « nationalisme farouche », quasi « xénophobe », ancré dans l’histoire de la péninsule, entretenu à dessein, et de force, par le régime auprès de la population. Ainsi, le point de départ d’une vraie négociation est double. La reconnaissance de la spécificité de cette dictature, d’une part, et de cette autre vérité ensuite : la Chine ne fera pas le travail pour les Etats-Unis – pour la simple raison qu’elle n’a pas intérêt à la réunification. Moon est peut-être en passe de gagner son pari. Tout en menant sa politique de « pression » maximum, l’équipe Trump ne poserait plus de préalable à un dialogue avec Pyongyang. C’est une piste encore optimiste et qu’on n’abordera pas sans la qualité requise pour descendre les pentes verglacées de Pyeongcheang : la prudence. |
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